Pour sa première œuvre discographique, le jeune artiste Adama Dicko a choisi d’aller « doucement, doucement ». Avec son album intitulé « Jam Jam » (doucement, doucement, en langue fulfuldé), cet ancien élève coranique qui réside en Autriche veut se faire une place dans l’univers musical de son pays, le Burkina Faso. L’opus de 11 titres a été présenté le 25 mars 2017 à Ouagadougou, en marge du Reggae City Festival.
L’album est déjà sorti en Autriche, mais l’artiste qui était programmé pour le Reggae City Festival a voulu le faire découvrir par ses compatriotes. Adama Dicko invite les mélomanes à « aller doucement », mais lui est allé fort avec son premier opus. 11 titres qui font voyager entre reggae et blues.
En fulfuldé, dioula, français ou anglais, il chante des thèmes aussi divers les uns des autres. Dans une sorte d’autobiographie, le premier titre de l’album (Tounga Ko) parle d’aventure. Comme pour retracer la vie de voyageur que mène l’artiste. Du sahel burkinabè (notamment Djibo d’où il est originaire), il a visité différentes régions de son pays, avant de continuer son aventure dans les pays de la sous-région, puis en Europe et aux Etats-Unis.
C’est d’ailleurs dans ses voyages à travers les pays de la sous-région ouest africaine qu’il a appris à jouer le « n’goni », un instrument traditionnel de musique. Tous les 11 titres de l’album sont d’ailleurs agrémentés par les notes de cet instrument traditionnel de musique.
Cet album, baptême de feu a un côté engagé. L’artiste rend hommage à des grandes figures africaines, à travers le titre « Capitaine Sankara ». Tous ceux qui ont lutté pour une véritable indépendance de l’Afrique et pour la cause de l’homme noir sont magnifiés par Adama Dicko. Nelson Mandela, Patrice Lumumba, Marcus Garvey…
La corruption, le changement positif en Afrique, la jalousie, sont autant de sujets qui sont abordés à travers « Jam Jam ». « C’est un album qui parle beaucoup de l’Afrique. L’Afrique est le continent le plus riche, mais le plus faible en même temps », regrette-t-il. Ceci, parce que nanti d’immenses ressources naturelles, le continent ne « décolle pas » à cause du manque de vision de certains de ses dirigeants.
« C’est un album qui interpelle les consciences et j’espère que les Burkinabè comprendront le message », a déclaré Adama Dicko. Pour la promotion de son œuvre, l’artiste s’envolera pour son 2e pays, l’Autriche, ensuite l’Allemagne, avant d’envisager la conquête du marché new yorkais.
Tiga Cheick Sawadogo
Lefaso.net